
Le CNRS et ARCHEOVISION, membre de l’association des scientifiques au service de Notre-Dame de Paris, en partenariat avec la TGIR Huma-Num, mettent leurs infrastructures à disposition de la communauté scientifique et des acteurs du patrimoine pour accueillir toutes les données afférentes à Notre-Dame de Paris, à des fins de conservation et de pérennisation.
Le très grand nombre d’initiatives apparues à la suite de l’incendie de Notre-Dame a montré la nécessité d’une coordination scientifique dans la gestion des données numériques de la cathédrale. Ces données se doivent d’être au service de la communauté pour faciliter l’étude et le suivi des grands chantiers de reconstruction à venir.
Le CNRS, ARCHEOVISION et la TGIR Huma-Num souhaitent associer à ce projet tous les acteurs institutionnels ou privés qui pourraient contribuer à sa mise en oeuvre.

Organisation d’une documentation iconographique participative (« crowdsourcing »)
Le CNRS et son unité Archeovision lancent un appel à contribution pour recueillir toutes les données afférentes à Notre-Dame de Paris: acquisitions 3D, modélisations 3D, jeux de photographies argentiques ou numériques, vidéos, plans, coupes, élévations, etc.
L’ensemble de ces données sera centralisé et mis à disposition de la communauté scientifique et des acteurs du patrimoine pour une utilisation à but non lucratif.

Conservation et archivage des données
Un tel projet ne peut se penser sans assurer la pérennité des données ainsi collectées et créées. Cet événement a mis en avant la grande disparité de stockage de ces données et par là même, leur fragilité.
Cette action d’archivage ne peut être une initiative menée par des sociétés privées mais doit être le rôle d’un institut d’Etat. Les infrastructures du Conservatoire National des données 3D, opéré par Archeovision et hébergé par la TGIR Huma-Num répondent pleinement à cet objectif.

Mise en place de protocoles spécifiques pour le traitement des données
Le traitement et l’optimisation de cette masse de données sont essentiels. Grâce aux capacités de calculs de la TGIR Huma-Num et en coordination avec différents instituts (LaBRI / INRIA), la construction de nouveaux modèles numériques 3D colorisés basés sur les données photos ou vidéos préexistantes sera possible.
Ces nouveaux modèles numériques rajouteront une couche d’informations essentielle à l’étude des structures disparues de Notre-Dame.
Pour tout dépôt, renseignement ou demande de collaboration
Le CNRS
Le Centre national de la recherche scientifique est une institution de recherche parmi les plus importantes au monde. Pour relever les grands défis présents et à venir, ses scientifiques explorent le vivant, la matière, l’Univers et le fonctionnement des sociétés humaines. Internationalement reconnu pour l’excellence de ses travaux scientifiques, le CNRS est une référence aussi bien dans l’univers de la recherche et développement que pour le grand public.
Archeovision
Créé en 1993, Archeovision (UMS 3657 CNRS / Université Bordeaux Montaigne / Université de Bordeaux) est un acteur reconnu dans le milieu scientifique pour son expertise dans le domaine des technologies 3D appliquées au domaine de l’archéologie du patrimoine et plus largement des Sciences Humaines et Sociales.
Ses domaines de compétences s’articulent autour de la numérisation 3D, de la restitution de la valorisation scientifique et de la conservation des données 3D. L’Unité effectue des expertises, émet des recommandations, accompagne les porteurs de projets nécessitant de la 3D, met en place du transfert de technologie et des partenariats privé/public.
Opérateur du conservatoire national des données 3D, Archéovision pilote également un consortium national (Consortium3D) labellisé par la TGIR Huma-Num et regroupant 11 unités de recherche travaillant dans le domaine de la 3D et
Huma-Num
Huma-Num est une très grande infrastructure de recherche (TGIR) visant à faciliter le tournant numérique de la recherche en sciences humaines et sociales.
Pour remplir cette mission, la TGIR Huma-Num est bâtie sur une organisation originale consistant à mettre en œuvre un dispositif humain (concertation collective) et technologique (services numériques pérennes) à l’échelle nationale et européenne en s’appuyant sur un important réseau de partenaires et d’opérateurs.
La TGIR Huma-Num favorise ainsi, par l’intermédiaire de consortiums regroupant des acteurs des communautés scientifiques, la coordination de la production raisonnée et collective de corpus de sources (recommandations scientifiques, bonnes pratiques technologiques).
Elle développe également un dispositif technologique unique permettant le traitement, la conservation, l’accès et l’interopérabilité des données de la recherche. Ouvert à l’ensemble des programmes de recherche de l’enseignement supérieur et de la recherche (UMR, UMS, EA, etc.), elle est composée de services numériques dédiés, d’une plateforme d’accès unifié (ISIDORE) et d’une procédure d’archivage à long terme.
La TGIR Huma-Num propose en outre des guides de bonnes pratiques technologiques généralistes à destination des chercheurs. Elle peut mener ponctuellement des actions d’expertise et de formation. Elle porte la participation de la France dans les ERIC (European Research Infrastructure Consortium) DARIAH et CLARIN en coordonnant les contributions nationales. Elle est également impliquée dans quatre projets H2020 : Parthenos, Humanities at Scale (terminé), SSHOC et EOSC-PILLAR.
La TGIR Huma-Num est portée par l’Unité Mixte de Services 3598 associant le CNRS, l’Université d’Aix-Marseille et le Campus Condorcet.
Association des scientifiques au service de la restauration de Notre-Dame de Paris
Avec le soutien du CNRS et en collaboration avec sa cellule de coordination des actions scientifiques pour Notre-Dame de Paris, l’association des scientifiques au service de la restauration de Notre-Dame se donne pour objectif d’aider et de conseiller les autorités en charge de cette mission.
Depuis des dizaines d’années, les scientifiques du patrimoine œuvrent à la meilleure connaissance de nos monuments historiques dont Notre-Dame de Paris est l’un des fleurons. Comme l’ensemble de la population, ils ont été touchés au cœur par la catastrophe du 15 avril 2019. Pour certains d’entre eux, ce sont des années de travail, de recherches et de passion qui se sont envolées en épaisses volutes ce lundi soir.
Aux larmes et à l’émotion doit pourtant succéder la réflexion qui guidera l’action. La multiplication des études scientifiques consacrées à la cathédrale : analyse de la provenance des pierres et des matériaux de construction, étude morphologique et dendrochronologique de la charpente, étude de la polychromie murale, authenticité des sculptures, relevés scannographiques des maçonneries, recherches archivistiques, analyse des vitraux, des métaux… ont permis d’acquérir une connaissance fine du bâtiment. Elle constitue un potentiel inestimable pour la restauration. Mobilisés, les scientifiques, spécialistes de l’histoire de la construction et de ses divers matériaux, souhaitent mettre au service de cette restauration le résultat de leurs recherches. Ils transmettront toutes les données nécessaires aux autorités et seront toujours disponibles pour que puisse s’accomplir la renaissance de Notre-Dame de Paris.
Une restauration de qualité ne peut cependant se penser et se réaliser dans l’urgence que pourrait engendrer une légitime émotion. Elle ne peut se priver des moyens qu’offrent aujourd’hui les nouvelles technologies, ni des connaissances sur les matériaux du patrimoine et leur durabilité. La prise en compte des acquis scientifiques, techniques et historiques doit permettre une restauration exemplaire et novatrice du bâtiment. Il faut réfléchir, par exemple, à la réutilisation d’un maximum de matériaux d’origine qui seraient encore sains après l’incendie. Ce remploi créatif n’est pas une reproduction à l’identique, il n’exclut pas des solutions innovantes et technologiques de restauration d’un monument en constante évolution depuis l’époque médiévale. Il est un enjeu de nos sociétés contemporaines mais était également une pratique ancrée dans les sociétés anciennes.
D’autres investigations sont également indispensables pour répondre à nombre de questions laissées en suspens : quel est le rôle du chaînage métallique haut dans la résistance générale du monument ? Comment fonctionnent les arcs-boutants ? Quelle est la nature exacte des mortiers et quand ont-ils été réalisés ? Comment, techniquement, sont construites les voûtes d’ogives sexpartites ? L’incendie a-t-il entraîné des déplacements ou des déformations du bâti ? Autant de recherches qui peuvent et doivent être menées sur le bâtiment blessé. Il faut pour cela que chaque matériau d’origine, quel que soit son état, qu’il soit toujours en place ou qu’il ait chu, soit précieusement conservé et inventorié pour pouvoir être étudié par les spécialistes. Il faut également que les échafaudages de restauration soient conçus pour accueillir les scientifiques et que l’édifice leur soit rapidement accessible. L’histoire des artisans ayant réalisé la charpente a disparu avec elle car l’œuvre est la véritable archive dans laquelle se grave la vie des bâtisseurs. Mais, avec le feu, d’autres rayonnages de cette bibliothèque se sont ouverts ! C’est un impérieux devoir que de les lire, de les comprendre et de les sauvegarder dans la démarche générale de reconstruction et de restitution du monument aux publics et aux visiteurs.
C’est pourquoi, pour la connaissance et la renaissance de Notre-Dame, les scientifiques (historiens, historiens de l’art, archéologues, géologues, archéomètres, géophysiciens, chimistes, biologistes,…) au service de la restauration de Notre-Dame de Paris s’unissent en association. Celle-ci se donne pour objectif de défendre l’ensemble des enjeux qui viennent d’être évoqués.
www.scientifiquesnotre-dame.org